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Parti socialiste. À sept semaines du
référendum, François Hollande et les tenants socialistes du «
oui » creusent les divisions au risque de casser les
rassemblements politiques anti-libéraux qui s'opèrent. |
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«Dans cette campagne, ce qui effraie le plus, c'est ceux qui
manipulent les peurs », dit l'un. Un autre, à la même
tribune, dénonce « la malhonnêteté de beaucoup d'adversaires
du traité qui jouent sur les peurs ». C'était samedi matin.
L'un, c'est le socialiste Jacques Delors. L'autre, c'est
Claudie Haigneré, ministre de Jean-Pierre Raffarin.
Jusque-là, le PS ne s'était pas risqué à battre la campagne
avec la droite. Ils se retrouvaient pourtant pour défendre
le projet de texte constitutionnel. Et surtout jouer du
paradoxe : stigmatiser le prétendu registre de peur
qu'utiliseraient selon eux les pro- « non », quand la
ficelle est tirée par leur propre camp. Tant à droite que
chez les « oui » PS, l'argument de campagne essentiel est la
peur dont on décline les multiples facettes : peur pour
l'avenir de l'Europe, peur pour 2007, peur d'une crise au
sein du Parti socialiste... Et utilisation de l'extrême
droite repoussoir : « Si Le Pen ne s'est pas fait entendre
dans cette campagne, c'est que d'autres font le travail à sa
place », a déclaré François Hollande, vendredi, suscitant un
tollé au sein de sa propre formation de la part de ceux
accusés de faire le jeu lepéniste...
« Avec cette stigmatisation flétrissante, il s'agit pour lui
de pousser les indécis vers l'abstention ou vers un "oui" de
résignation », a constaté Jean-Luc Mélenchon. Lequel s'est
aussitôt livré à petit travail d'historien : « Cette
instrumentalisation de l'épouvantail d'extrême droite a été
utilisée par le Club Témoin, fondé par Jacques Delors et
dont le premier secrétaire du PS, François Hollande, fut
l'un des animateurs. » Julien Dray, toujours sur le même
registre, vilipende « la radicalisation et les dérapages du
"non" extrême » (la place de l'adjectif n'étant pas une
erreur grammaticale) après les oeufs jetés à la figure de
Cohn-Bendit en meeting pour le « oui » à Montpellier. Lequel
Cohn-Bendit, dénonce des pratiques « gauchistes » : un
connaisseur !
«
Il y aura un après-référendum », avait déclaré François
Hollande lors d'un conseil national en février. Il appelait
alors au rassemblement de la famille socialiste en conjurant
d'éventuelles déchirures lourdes de danger. Tout se passe, à
sept semaines du scrutin, comme si la direction elle-même
entendait jeter de l'huile sur le feu en effectuant un
virage stratégique interne à 180 degrés. Désormais, ce sont
les tenants du « non » socialiste, en particulier Laurent
Fabius, Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon, qui calment
le jeu. Force est de constater que le prétendu risque de «
schisme » au sein de la gauche et du PS en particulier, un
moment brandi par les « non » PS eux-mêmes devant l'autisme
de la direction et la montée des mouvements sociaux, ne se
vérifie pas dans les faits au fur et à mesure du déroulement
de la campagne. Le « non » de gauche, objectivement, quelles
que soient les tactiques des uns ou des autres de ses
leaders, rassemble, quand le « oui » de gauche, tout aussi
objectivement, divise, et pratique l'anathème à défaut de
pouvoir prononcer des excommunications.
Dans
ce contexte, certains observateurs vont jusqu'à prophétiser
une prochaine explosion du PS. Nul ne peut prédire comment
s'opéreront les mutations structurelles sans doute
nécessaires à moyen terme au sein de la gauche. Reste que
dans l'immédiat on voit mal l'opinion publique influencée
par la social-démocratie française suivre l'orientation
actuelle. Laquelle prend le risque de se tirer une balle
dans le pied à moins de deux ans d'échéances politiques
nationales fortes, alors que, pour partie, le penchant pour
le « non » revient à précipiter le moment d'en découdre avec
la droite pour solde des comptes d'avril 2002. Le paradoxe
est que François Hollande n'a pas d'autres horizons que 2007
tout en faisant l'impasse sur les potentialités de
rassemblement politique antilibéral en germe. Au risque
d'aboutir à un PS cacochyme quand le noeud gordien semblait
devoir lui être réservé.
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