«C'EST
LONG ! J'avais rendez-vous à 11 h 10 pour une simple prise de sang,
s'impatiente Philippe.
Il est 13 heures et je ne suis toujours pas
passé. »
« Il
y a beaucoup trop d'attente,
c'est
la folie !» s'emporte une patiente. |
CLAMART, HIER MIDI. En sous-effectifs chroniques, l'ensemble
du service des consultations de l'hôpital Antoine Béclère
s'est mis en grève pour une durée illimitée.
(LP/SYLVAIN
MERLE.)
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Des retards habituels dans
le service des consultations de l'hôpital Antoine Béclère, à Clamart, dont
le personnel est en grève illimitée depuis mardi pour dénoncer le manque de
personnel. « En grève, assignée », peut-on lire sur les blouses blanches qui
continuent à s'activer. « On peut comprendre leur mouvement, pense pour sa
part Jacques, un autre patient. Elles sont débordées, ça se voit. » « Cette
situation est récurrente depuis deux ans et l'instauration des 35 heures,
explique Marguerite *, infirmière du service. On est constamment en
sous-effectif, mais nos problèmes ne semblent pas réellement intéresser la
direction. » Complètement à bout, l'ensemble du service est aujourd'hui en
grève. Un ensemble peu conséquent, puisque les infirmières ne sont que cinq
au lieu de huit, cinq également pour les aides-soignantes alors que onze
postes existent. Idem pour le poste d'agent hospitalier et celui du cadre
responsable du service. Au total, ce sont presque 50 % des postes qui ne
sont pas pourvus suite à des arrêts maladie ou des départs en retraite.
Plus de 300 heures à récupérer « On n'en peut plus, lance
Michèle *, aide-soignante. La charge de travail est trop lourde, on fait des
journées de plus de 12 heures d'affilée pour des semaines parfois de 55
heures. On accumule les heures sans pouvoir les récupérer. Au 31 décembre,
j'avais 300 heures dues qui ne me seront jamais payées et que je ne peux pas
prendre sans mettre mes collègues dans le pétrin. » Au-delà du sous-effectif
chronique des consultations, c'est bien la qualité du service rendu aux
quelque 2 000 patients annuels qui est aujourd'hui en cause. « Ces
conditions de travail induisent une extrême fatigue, poursuit Michèle. On
fait davantage d'erreurs et au final, on est moins efficace. » Selon elle,
les trois quarts du personnel sont sous antidépresseurs et beaucoup ont déjà
refusé des arrêts de travail par conscience professionnelle. Consciente du
manque de personnel, la direction avance ses difficultés à recruter. « Nous
avons recruté un cadre supérieur infirmier qui devrait arriver en avril,
indiquait mardi Gilles Marcillaud, directeur adjoint de l'établissement.
Deux infirmières diplômées nous rejoindront en avril et en juin, et un agent
hospitalier doit arriver le 1 e r mars. Compte tenu de la conjoncture
actuelle, il n'est pas facile de recruter immédiatement. » Des embauches au
compte-gouttes qui ne répondent qu'en partie à la situation d'urgence
décriée par les salariés, qui dénoncent par ailleurs une mauvaise
organisation du service ainsi qu'un manque de matériel. Autant de questions
auxquelles la direction se devra d'apporter des réponses lors du comité
d'hygiène, de sécurité et de condition de travail exceptionnel qui doit se
tenir le 5 mars prochain. D'ici là, pas question d'arrêter la grève.
* A leur
demande, les prénoms des personnes ont été modifiés.
Le
Parisien , vendredi 27 février 2004 |